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Santé du chat : la calicivirose

On devrait plutôt dire : les caliciviroses, car, tout comme pour les coronavirus, il existe de nombreuses souches et peut-être des recombinaisons. Mais le propos de cet article n'est pas l'aspect scientifique du sujet, ni d'ailleurs de remplacer une consultation vétérinaire si votre chat est atteint.
Je souhaite simplement faire partager près de 20 années d'expérience "sur le terrain" à propos de cette pathologie très handicapante pour le chat quand elle devient chronique. Bien avant de créer Héméra, j'avais des chats personnels atteints de cette maladie sous sa forme chronique et il y a donc longtemps que je collecte des données qui sont inscrites dans un petit coin de mon cerveau, là où les neurones fonctionnent encore....
Il y a quelques erreurs à ne pas commettre pour obtenir le meilleur résultat possible dans le soulagement et la qualité de vie du chat atteint. Je vais donc donner le fruit de mon expérience (sans prétention aucune).

Petit rappel tout d'abord sur les calicivirus :

Ce sont des virus qui font partie de ce que l'on appelle : le coryza. Le ou les calicivirus les plus présents sur le terrain sont donc associés au  virus de l'herpès félin dans la composition des vaccins contre le coryza.
Si le virus de l'herpès est plus représentatif des symptômes classiques du coryza, la calicivirose , elle, est plus problématique quand elle devient chronique.
L'herpès-virus provoque la "rhino-trachéite" du chat avec donc des symptômes de rhinite aigüe : éternuements avec jetage clair tout d'abord, puis éventuellement purulent lors de surinfection bactérienne, toux, mal de gorge, yeux larmoyants avec souvent développement d'ulcère cornéen. Le tout accompagné d'une forte fièvre. Malgré tout, la rhino-trachéite se soigne bien, surtout si elle est prise à temps et si une vigilance accrue est portée aux chatons notamment, qui sont moins résistants à la dénutrition et surtout à la déshydratation.
Une fois guéri, le chat reste porteur de l'herpès-virus et pourra, dans certains contextes, développer de nouvelles attaques virales, en général un peu moins violentes.
La calicivirose est un peu différente et plus problématique. S'il peut y avoir des symptômes plus ou moins identiques à ceux de la rhino-trachéïte, ils sont en général beaucoup moins importants, sauf si le chat est atteint par les deux affections en même temps. Le symptôme majeur de la calicivirose est l'apparition d'une multitude de petits ulcères buccaux au niveau des gencives et, éventuellement sur la langue. Le chat souffre beaucoup, bave, reste prostré et bien sûr, ne peut manger ni même boire. Avant, on parlait d'un ulcère sur la ligne médiane qui relie le nez à la bouche, mais franchement je n'en ai jamais vu.... Je suppose que les virus ont évolué et ils semblent maintenant plus agressifs qu'avant. Le véterinaire doit être consulté évidemment, il aidera le chat à surmonter cette douloureuse attaque virale. Certains calicivirus peuvent provoquer des pneumonies très sévères, voir mortelles. Le chat peut présenter également une arthrite généralisée, il a du mal à marcher et souffre "de partout". Dans certain cas, c'est le symptôme prédominant avec la fièvre et il régresse progressivement en quelques jours avec des AINS. On voit aussi parfois le syndrome du "chat mou". Quand on prend le chat dans ses bras, il n'est pas réactif et il "pend" tout mou, comme une poupée de chiffon. Là encore, les choses rentrent dans l'ordre en quelques jours.
Par contre, avec les ulcères, il faut s'attendre, dans bien des cas, à de gros problèmes par la suite, soit assez rapidement, soit quelques temps plus tard. En effet, un certain pourcentage de chats (je ne sais pas préciser combien et c'est probablement variable) vont devenir des malades chroniques. Après la primo-infection, on peut classer les chats en plusieurs groupes : probablement ceux qui sont guéris, ceux qui paraissent guéris et présentent des gencives saines mais qui peuvent néanmoins être contagieux car porteurs sains, et qui peuvent rechuter plus tard dans la chronicité, ceux qui vont bien mais qui présentent un petit "reliquat" visible de la maladie, à savoir un petit liséré rouge au niveau de la jonction gencive-dent qui n'est pas gênant pour le chat mais indique la présence du virus "contrôlé pour le moment" (hormis les cas dus à la présence de tartre évidemment), enfin ceux qui présentent des inflammations plus importantes des gencives, sans ulcérations d'abord, ce qui peut rester stable pendant plusieurs mois ou années, puis avec apparition de celles-ci. Là, il ne s'agit plus des petits ulcères multiples de l'affection aigue, mais d'ulcères plus ou moins importants qui s'installent définitivement sur les gencives, éventuellement sur la langue, et au niveau des arches palatoglosses (fond de la bouche). A partir de là, le chat vit dans une souffrance permanente plus ou moins importante et pouvant aller jusqu'à l'impossibilité de s'alimenter. Ainsi, des chats "sauvages" non soignés finissent par mourir de faim. C'est donc une maladie chronique très invalidante et qui, malheureusement, ne se guérit pas. On peut toutefois la stabiliser à un niveau acceptable qui permet à l'animal de se nourrir normalement pendant un certain temps, voir quelques années. Dans la plupart des cas, les ulcères des gencives deviennent plus ou moins prolifératifs, les gencives "gonflent" et j'ai vu des gencives qui débordaient localement jusque entre les dents du chat qui se mordait à chaque mouvement de mastication. Les vétérinaires, dans les cas graves, recommandent l'ablation de toutes les dents, ce qui ne peut être que bénéfique dans beaucoup de cas. Un chat peut très bien manger normalement sans dents, même des croquettes qu'il avale tout rond.
Personnellement, je n'ai jamais fait procéder à cette extraction totale et je ne peux pas en dire plus à ce sujet si ce n'est que nos chats édentés naturellement sont ceux qui s'en sortent le mieux. Ce que nous faisons, c'est un "ravalement" buccal : détartrage (souvent nécessaire), extraction des dents abîmées éventuelles et dans le cas d'une prolifération localisée et gênante, elle est coupée et cautérisée, et en général elle ne revient pas.
On a beaucoup parlé à un moment donné du traitement à l'interféron. Nous l'avons essayé sur une quinzaine de chats avec des résultats plutôt médiocres et non durables.
Le seul traitement efficace qui va permettre au chat de "revivre" enfin, c'est la prednisolone sous sa forme retard (méthylprednisolone). Il s'agit d'un corticoide.  On a souvent, certains vétérinaires y compris, un peu peur de ce mot : cortisone et on tarde beaucoup trop à démarrer ce traitement. J'ai moi-même eu ce réflex, de retarder au maximum le début du traitement, en essayant de pallier aux douleurs du chat avec des AINS, antibiotiques etc.... Si cela peut marcher quelques temps dans certains cas, en général cela ne soulage pas suffisamment le chat et la maladie n'est pas enrayée et continue de s'aggraver, alors que si la prednisolone est mise en route dès le début, les symptômes sont d'autant mieux contenus qu'ils sont moins développés. Il s'agit en effet d'une réaction auto-immune sur laquelle les AINS n'ont que très peu voir pas d'effet du tout. Je pense que je devrais demander pardon aux chats que j'ai voulu soigner d'abord sans cortisone et qui n'ont pas profité du bien être qu'elle leur aurait apporté plus tôt. Il faut dire aussi qu'on n'est pas toujours bien informé par certains vétérinaires et que certains font même n'importe quoi! (jusqu'à dire que ce n'est pas contagieux!) Eh oui, je suis désolée de le dire, mais voici un exemple tout récent : 
Je confie à ma mère une chatte guérie d'une calicivirose aigüe mais apparemment restée porteuse (petit liséré gengival). Au bout de deux ans, la chatte, qui vit seule, entre en affection chronique. Vue par mon vétérinaire, elle est donc mise sous "Vétacortyl" et une piqure de Convénia ayant pour but de bien nettoyer la bouche afin d'éviter tout développement microbien. On fait toujours comme ça la 1ère fois et ça marche très bien. Quand la seconde injection de corticoïde devient nécessaire, ma mère se rend chez le vétérinaire le plus proche de chez elle. La chatte reçoit une piqure de Marbocyl (antibiotique), un AINS et je ne sais plus quoi encore de parfaitement inutile... et plusieurs consultations en vue! On règle donc nous-même le problème, et la fois suivante, ma mère se rend chez un autre véto avec un mot de ma part expliquant les antécédents de la chatte et demandant une injection de Vétacortyl ou son équivalent.
Le véto, très sympa au demeurant, qui n'a pas de Vétacortyl, lui fait une piqure, non pas de prednisolone, mais de déxaméthasone, un autre corticoïde très puissant mais moins bien adapté au traitement de la calicivirose chronique. Résultat : durée d'action de 8 jours (au lieu de plusieurs semaines), déclenchement d'une crise d'Herpès! (rhinite).
La déxaméthasone entraine une baisse des défenses immunitaires beaucoup plus importante que la prednisolone et par contre, a une action beaucoup moins efficace sur la calicivirose chronique.
Bref, mieux vaut connaître bien son véto et éviter ceux qui ont eu leur diplôme dans un paquet de "Bonux" comme on disait avant! (oui, il y en a!). 
Donc, pour en revenir au traitement, il faut savoir que le chat supporte très bien les corticoïdes et, dans la plupart des cas, est très peu affecté par les effets secondaires. Evidemment, votre vétérinaire s'assurera qu'il n'y a pas de contre-indication majeure (diabète par exemple), mais même en cas de portage d'herpès-virus, on n'a guère le choix et il faut se lancer. Il arrive, dans ce cas, que le chat déclenche une crise de coryza après la première injection, en général assez modérée, qu'il convient de soigner si nécessaire. Puis, l'organisme refait des anticorps, et rares sont les chats qui ne s'en accommodent pas tout seuls. Le rapport "bénéfice/rechute herpès" est en faveur du traitement. Mieux vaut éternuer un peu que mourir de faim et je ne parle pas des horribles souffrances d'une bouche à vif !! A chaque fois que nécessaire, on ajoutera une cure antibiotique, mais la plupart des chats n'en ont pas besoin. Un chat porteur de teigne asymptômatique pourra éventuellement en présenter une apparition qu'il conviendra de soigner mais sans abandonner le traitement de la calicivirose. Ceci dit, c'est un problème sûrement rare car le 1er cas m'est arrivé cette année alors que j'ai eu des dizaines de chats en traitement pendant plus de quinze ans sans jamais en voir la moindre apparition.... néanmoins, il faut savoir que cela peut arriver et être prêt à soigner.
Plus le traitement  à la prednisolone est attaqué tôt, plus l'évolution de la maladie sera enrayée et stabilisée, ce qui assure un meilleur confort au chat et permet, au début, d'avoir des injections espacées quelquefois de plusieurs mois. Il ne faut donc pas hésiter, ni retarder le début du traitement dès lors que le diagnostic de chronicité est établi et que l'affection est invalidante. Ensuite, le rythme des piqures se fera à la demande du chat, c'est à dire quand il recommence à souffrir et que sa bouche s'enflamme à nouveau.
J'ai et j'ai eu des dizaines de chats traités comme cela, ce qui leur a donné plusieurs années de vie supplémentaires (3 en moyenne et jusqu'à 5) dans des conditions de confort optimum.
Surtout, ne pas oublier que cette maladie virale est très contagieuse et qu'un chat atteint doit manger dans sa gamelle personnelle. Dans les groupes de chats où certains sont atteints et d'autres non, la gestion de la transmission est plus compliquée mais quelques mesures simples peuvent limiter la contagion. C'est en 2004, en regardant mes chats manger leur pâtée dans de grandes gamelles communes, que j'ai compris qu'il fallait faire autrement. Les chats sains passant derrière les chats qui avaient bien bavé sur les aliments se trouvaient directement au contact d'une grande quantité de virus... Un jour, j'ai pris la décision de supprimer toutes les gamelles ainsi que la pâtée et de nourrir exclusivement nos chats avec des croquettes éparpillées sur le sol le plus largement possible.... Il suffit d'un sol lisse et propre, en l'occurrence du béton. Ainsi, le risque qu'un chat entre en contact direct avec de la salive fraiche contaminée est réduit au maximum. C'est ainsi que, 8 ans plus tard, je constate que le nombre des chats atteints et en traitement a considérablement diminué... Bien sûr, cela ne s'est pas vu tout de suite, car en 2004 de nombreux chats étaient déjà contaminés et, dans les années suivantes, ils se sont déclarés et il a fallut les soigner et les accompagner dans cette cruelle maladie. Il a donc fallut être patient pour voir le bénéfice de cette méthode qui porte bien ses fruits malgré quelques réflexions désobligeantes ou sous-entendues à mon égard, du genre: c'est plus facile, pas de vaisselle à faire, manger par terre! etc....C'est vrai en plus, pas de vaisselle! que des avantages! En ce qui concerne la désinfection du sol, elle semble inutile... je ne l'ai jamais fait et compte tenu de la diminution très nette du nombre de malades, j'en conclue qu'on peut s'en passer... heureusement car ce serait une gageure que de vouloir désinfecter des dizaines de mètres carrés de ciment et sûrement dangereux pour les chats. En été, le soleil se charge de dessécher les virus et en hiver, c'est la pluie qui rince le sol, entraînant les particules avec elle. Je passe également un coup de jet d'eau si nécessaire. Il me semble avoir trouvé la solution la plus écologique qui soit, tout en étant efficace, pour réduire considérablement ce problème de calicivirose difficile à gérer dans les effectifs félins. J'ai plusieurs sites de distribution afin que les croquettes soient le plus éparpillées possible. Quand il pleut toute la journée, ce qui ne représente plus que quelques jours par an maintenant dans notre région, je distribue sur le sol du couloir des écuries qui est assez vaste  ainsi que dans 2 boxes inoccupés. Ils ne sont pas désinfectés non plus, juste balayés.
Il va sans dire que la vaccination contre le coryza doit être effectuée à chaque fois que c'est possible, c'est à dire lorsque l'état sanitaire du chat le permet. Sans éviter complètement la maladie, la vaccination atténue les effets et il est possible qu'elle limite aussi le portage.
En conclusion:
1°) prévenir: vaccination, nourrissage individuel
2°) soulager la maladie chronique: méthylprednisolone

Si on ne dispose pas d'un sol bétonné, on peut aligner dans l'herbe des dalles retournées comme ici : 



De plus, la plupart des chats prennent l'habitude de toujours venir manger sur la dalle qu'ils ont choisie au départ. Ce sont les hérissons et les pies qui font le ménage autour des dalles lorsque les chats sont partis....

Lien utile : Calicivirose-Dr Pascal Pasquini Di Barbieri